Sarkozy 2027 : Le grand retour ?

Le 30 septembre dernier, Sarkozy a fait son grand retour médiatique. Et qui selon Alexis Tarrade souligne le manque d’une personnalité émergente à droite. 

C’est à se demander si « Sarko » a de nouveau des songes en se rasant… Près de quatorze mois après sa dernière apparition télévisée, la longue interview de Nicolas Sarkozy diffusée sur CNEWS/Europe 1 a permis a l’ancien président de balayer sans concession l’actualité politique nationale et internationale. Ce que l’on peut dire, c’est que le candidat défait en 2012 n’a pas hésité à égratigner l’actuel Président, ni à froisser les sensibilités au sein de sa propre famille politique. 

Pique contre l’ « extrême-centre »

Sur les questions de politique intérieure, Sarkozy s’est montré offensif, ancré à droite, en critiquant ce qu’il appelle “l’hypocrisie” régnant en France sur les actes criminels récurrents perpétrés par des personnes en situation irrégulière. Après avoir fustigé la gauche pour sa dérive idéologique, particulièrement dans les médias, il s’en est pris directement au gouvernement, pointant du doigt les ministres de la Justice et de l’Intérieur, qu’il juge partiellement responsables de la situation. Il a ainsi mis en lumière ce que certains appellent “l’extrême centre”, qu’il considère incompatible avec les valeurs de rigueur de la droite républicaine. Par ce biais, Sarkozy a clairement écarté toute possibilité d’alliance entre les macronistes et Les Républicains sur les questions régaliennes. 

Mais plus surprenant encore fut sa petite phrase : “Dans l’ensemble, je soutiens M. Retailleau.” En langage politique, cela ressemble fort à un défi : la volonté de défier publiquement sa propre famille politique, de signaler que sa succession ne l’enthousiasme guère, lui, le fondateur du parti.

Ne croyant pas au consensus, et dénonçant les limites du “en même temps”, Sarkozy a insisté sur l’importance de la clarté politique qui différencie les partis. Il pose ainsi la question des alliances LR-EM qui, selon lui, empoisonnent progressivement le parti républicain. Ce message s’adresse autant à Laurent Wauquiez qu’à Gérard Larcher et Michel Barnier, à qui il souhaite tout de même du succès (tout en critiquant le manque de fermeté).

Sarkozy s’adresse toujours aux électeurs RN

Quant à l’arc républicain, Sarkozy affirme qu’il ne croit pas en une union idéologique entre la droite traditionnelle et le Rassemblement National, tout en reconnaissant la légitimité des élus du parti de Jordan Bardella. Ce message semble destiné aux 11 millions d’électeurs du RN, à qui il ne ferme pas complètement la porte ou les bras, s’inscrivant ainsi dans la continuité naturelle des héritages de De Gaulle, Pompidou et Chirac. En évoquant l’hypothèse d’un second tour Mélenchon-Marine Le Pen en 2027, Sarkozy relègue presque Laurent Wauquiez à l’arrière-plan, suggérant que celui-ci n’a pas la carrure d’un fédérateur, à la différence de lui-même en 2007.

Sur les questions internationales, l’ancien Président s’est distancié de la ligne mainstream promue par les partis du “centre extrême” et relayée par les médias. Bien qu’il ait affirmé le droit légitime d’Israël à se défendre, il a appelé à une désescalade immédiate et à l’ouverture de dialogues en vue de la paix. Concernant l’Ukraine, il a également plaidé pour que la France ne soit pas “alignée”, au regard de ses intérêts divergents de ceux des autres alliés de Kiev.

Mais alors, quelles alternatives ?

Après avoir astucieusement distribué les mauvais points, dénoncé les renoncements de la droite dite « de gouvernement », Sarkozy laisse une seule question résonner dans l’esprit de l’auditeur : qui ?

Qui peut ramener les personnalités de droite et les électeurs LR partis au RN ? Qui peut redonner à la France l’envie de travailler plus (un discours qu’il ne juge pas démodé)? Qui pour rétablir l’ordre ? Qui pour redonner à la France une assise internationale ? En somme, qui pour incarner le retour au pouvoir de la droite ? À cette question, Sarkozy enfonce le clou en assénant : “Tant qu’il n’y a pas d’incarnation, il faut une bonne stratégie”, avant d’ajouter : “Bien sûr, c’est mieux d’avoir un leader, il y a eu Chirac, ou… moi !” ponctuant sa phrase d’un sourire malicieux.

Quelle meilleure stratégie que de se repositionner au cœur du débat politique, à plus ou moins un an des premiers coups de poignard pré-présidentiels ?

Avec cette interview de presque une heure dans des médias de droite à large audience, Nicolas Sarkozy donne l’image d’un candidat déjà prêt. Critique, connaissant ses dossiers, offensif, dynamique et capable de rassembler, il semble anticiper une possible élection anticipée, à l’instar d’Édouard Philippe et de Gérald Darmanin. Et même s’il affirme que le moment n’est pas encore venu de choisir celui ou celle qui saura réunir les électeurs perdus chez Macron et ceux chez Le Pen, lui, qui croit aux valeurs du travail et de l’ordre, assure pourtant ne pas vouloir être cette personne. Mais en politique, l’art de renier ses promesses est bien connu. Dès lors, que se passerait-il si des élus bien choisis et amicaux l’appelaient à revenir en “sauveur” de la France, tout comme lors du putsch manqué du second tour des présidentielles de 2017 ?

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