À 48 heures de soumettre au vote un budget de l’État suscitant de vives crispations et cherchant à éviter une première motion de censure, le Premier ministre François Bayrou s’est exprimé ce lundi soir sur LCI, abordant des sujets qui risquent d’exacerber davantage les tensions parmi les Français.
Tour d’horizon…
Face au journaliste Darius Rochebin, François Bayrou a d’abord ouvert la porte à une alliance politique allant du Parti socialiste (PS) aux Républicains pour soutenir ce budget. Selon lui, « il faut que chacun ait la certitude d’être entendu, et il faut que les aspirations des uns deviennent compatibles avec celles des autres. C’est ma responsabilité. »
Si le Premier ministre a confirmé que certains ministères devront réaliser des économies, il a néanmoins précisé que les budgets de la Justice et de la Défense seraient maintenus. Démontrant une maîtrise certaine de l’art du compromis ou du en même temps ! Bayrou a également assuré qu’il n’y aurait ni suppression des 4 000 postes destinés aux étudiants ni réduction des effectifs des fonctionnaires. Il a éludé les critiques en affirmant que ces derniers « bénéficient d’un statut protégé par la loi ». Une posture qui laisse entrevoir des économies… sans changement réel.
Sur la question de l’immigration : des paradoxes assumés
Abordant l’immigration, qu’il considère à la fois comme une « chance » et un « poids », le Premier ministre a refusé l’idée d’un référendum. Il a toutefois évoqué la nécessité de faire pression sur les gouvernements étrangers pour qu’ils acceptent de reprendre leurs ressortissants. Cependant, avec un taux d’exécution des OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) plafonnant à 7 %, l’efficacité de ces mesures semble compromise.
Paradoxalement, quelques minutes plus tard, Bayrou a admis : « Dès l’instant où vous avez le sentiment d’une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, votre culture… nous nous approchons de cette zone. » Une double posture qui ne manquera pas d’interroger.
Sur les partis dits “d’extrême” : une ligne claire
Sur le plan politique, Bayrou a été catégorique : ni La France Insoumise (LFI) ni le Rassemblement National (RN) n’auront leur place au sein du gouvernement. « Je pense qu’un gouvernement ne peut être formé que de personnes partageant des principes communs. »
En revanche, évoquant la montée en puissance des partis nationalistes et populistes en Europe et dans le monde, il a dénoncé « une menace sur les démocraties », attribuant notamment une part de responsabilité à Elon Musk. Il a également mis en garde contre les « hypnotisés » du trumpisme, étonnant dans le cadre des rencontres qui ne manqueront pas d’arriver avec la nouvelle administration Trump.
Sujets sociétaux : entre continuité et compromis
Sur les questions sociétales, Bayrou a confirmé sa volonté de proposer « deux textes » distincts sur l’aide à la fin de vie : l’un dédié aux soins palliatifs et l’autre à l’aide active à mourir. Concernant la réforme des retraites, il a réaffirmé son ambition d’une réforme historique, tout en promettant fidèle à la doctrine du « en même temps » chère au président de la République, qu’aucun nouvel impôt ne sera instauré en 2025. Il a également exclu de cibler spécifiquement les retraités aisés !
Bayrou a finalement conclu en estimant l’importance de protéger la Vème République et que cette ligne politique, qu’il qualifie de « courant central », pourrait perdurer au pouvoir après 2027. Non, les destructeurs de la France ne lâcheront rien !