«Plan de la victoire» ukrainien: la Russie tacle le masochisme de Zelensky

Alors que l’hiver approche, le dirigeant ukrainien joue le tout pour le tout. Mais pour la diplomatie russe, le «plan de la victoire» de Zelensky n’est qu’un «plan de malheur» pour l’Ukraine.

«Tous ces points et sous-points secrets ne constituent pas un “plan” de la victoire de Zelensky. Il s’agit d’un plan pour le malheur de l’Ukraine et du peuple ukrainien», a martelé la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova le 16 octobre.

Le jour même, lors d’une session parlementaire extraordinaire de la Rada, le président ukrainien a dévoilé son plan promis depuis plusieurs semaines. Zelensky a énoncé publiquement cinq points, notamment une invitation immédiate à rejoindre l’OTAN, l’autorisation d’utiliser des armes occidentales à longue portée pour frapper des cibles en Russie et la poursuite des «incursions» sur le territoire ennemi, comme celle lancée dans la région de Koursk. Trois autres points restent pour l’heure confidentiels, mais auraient été partagés avec les alliés de Kiev.

Zelensky refuse le scénario d’un gel du front

«La Russie doit perdre la guerre contre l’Ukraine», a aussi déclaré Zelensky, qui a de surcroît refusé tout «gel» du front et tout «échange concernant le territoire de l’Ukraine ou sa souveraineté». Une manière de répondre à plusieurs rumeurs médias ou rumeurs. Bloomberg s’est notamment fait l’écho le 8 octobre dernier, citant des sources au sein de l’OTAN, d’une inflexion de Zelensky vis-à-vis de négociations avec Moscou, lors de discussions avec ses alliés occidentaux.

Reste que ce «plan de la victoire» ne suscite guère l’enthousiasme de ces derniers. Joe Biden s’est pour l’heure contenté, le 16 octobre, d’annoncer une aide de 425 millions de dollars, destinée principalement à la défense anti-aérienne ukrainienne. Les demandes répétées de Zelensky, synonymes d’escalade et trahissant l’incapacité de l’Ukraine à lutter seule, ne cessent d’interroger sur la poursuite du conflit.

Une nouvelle « extorsion d’argent » selon Zakharova

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a qualifié les points de Zelensky d’«ensemble de slogans incohérents» et d’une nouvelle tentative d’« extorsion d’argent ». Kiev, en tirant avec des armes occidentales de longue portée contre la Russie, voudrait selon elle «pousser les membres de l’OTAN vers un conflit direct» avec la Russie.

Avec sa rhétorique habituelle, Zakharova a de surcroît fustigé «la mousse sanglante sur les lèvres d’un tueur néo-nazi». La «seule place que l’Occident voit pour l’Ukraine dans son “architecture de sécurité” est dans un cercueil et des citoyens ukrainiens dans des tombes», a-t-elle encore poursuivi.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a lui aussi réagi au plan de Zelensky, le qualifiant de «simple feuille de route pour la poursuite du conflit». Selon Peskov, la seule façon de parvenir à la paix serait que le dirigeant ukrainien «se ressaisisse» et «réfléchisse aux causes qui ont conduit au conflit ukrainien».

Une stratégie ukrainienne «mal organisée, mal exécutée et mal calculée», selon Orban

«Ce que [Zelensky] a exposé hier au parlement ukrainien est plus que terrifiant», a déclaré de son côté le premier ministre hongrois Viktor Orban dans une publication Facebook ce 17 octobre. Aussi a-t-il regretté une stratégie ukrainienne «mal organisée, mal exécutée et mal calculée». «Nous sommes en train de perdre cette guerre, donc la stratégie ne fonctionne pas. Il faut changer», a-t-il encore insisté.

La situation sur le front ne cesse de se dégrader pour l’armée ukrainienne, qui perd notamment du terrain dans le Donbass, où les forces russes ont pris Vuhledar début octobre et atteint le nœud logistique de Pokrovsk. Le ministère russe de la Défense a revendiqué le 16 octobre la prise des localités de Nevskoïé et Krasny Iar.

Le Kremlin maintient ses exigences

Depuis l’été, le Kremlin exige comme préalable à l’ouverture de négociations avec Kiev le retrait des troupes des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporojié, que la Russie revendique avoir rattaché à son territoire, et exige la neutralisation du pays et la levée des sanctions occidentales à son encontre. Des exigences que Vladimir Poutine maintient depuis le début de la guerre en février 2022.

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