BRICS, LE DOUBLE “JE” D’ERDOGAN

Erdogan et la Turquie : Quand Ankara flirte avec les BRICS

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est un stratège politique avisé qui cherche à maximiser les intérêts nationaux de son pays en diversifiant les alliances internationales afin de renforcer son statut sur une scène mondiale désormais multipolaire. L’un des récents mouvements géopolitiques les plus marquants de la Turquie est son intérêt croissant pour les BRICS. Bien que la Turquie ne fasse pas partie de ce bloc émergent, les récents gestes d’Erdogan suggèrent un rapprochement stratégique qui pourrait avoir des répercussions importantes.

La Turquie, historiquement alliée de l’Occident, notamment via son appartenance à l’OTAN, a cependant cherché ces dernières années à diversifier ses relations économiques. Avec une économie en difficulté et une inflation galopante, la Turquie cherche de nouveaux partenariats pour relancer sa croissance. Les BRICS, représentant environ la moitié de la population mondiale et près de 25 % du PIB global, offrent une opportunité précieuse pour Ankara. L’intérêt d’Erdogan pour ce bloc économique n’est pas nouveau. Dès 2018, lors d’un sommet des BRICS à Johannesburg, le président turc avait exprimé son souhait de voir la Turquie intégrer ce groupe, affirmant que “les BRICS constituent une alliance d’importance croissante dans le monde”. Bien qu’aucune adhésion officielle ne soit à l’ordre du jour, les intentions sont claires : la Turquie cherche à s’éloigner de sa dépendance aux marchés européens et américains et surtout cherche une alternative au FMI et à la banque mondiale.

Un partenariat opportuniste ?

Les relations entre la Turquie et ses partenaires occidentaux se sont considérablement détériorées ces dernières années. La question de la Syrie, les tensions avec la Grèce en Méditerranée orientale, et les critiques sur la dérive autoritaire du gouvernement turc ont contribué à l’isolement progressif d’Ankara sur la scène occidentale. De plus, la Turquie a souffert économiquement des sanctions, notamment celles imposées par les États-Unis après l’achat du système de défense russe S-400, jugé incompatible avec les systèmes de l’OTAN. Dans ce contexte, l’intérêt pour les BRICS peut être vu comme un moyen pour Erdogan de renforcer sa position géopolitique en se rapprochant d’acteurs non occidentaux. La Chine, en particulier, représente un allié économique crucial, grâce aux importants investissements chinois dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie. La Russie, quant à elle, est un partenaire militaire et énergétique de longue date et bénéficie de manes financières importantes grace au tourisme Russe principalement à Antalya.

Les défis internes et externes

Cependant, ce flirt de la Turquie avec les BRICS peut également être interprété comme un coup de poker géopolitique. Erdogan est connu pour sa capacité à jouer sur plusieurs tableaux et il pourrait chercher ainsi à exercer une pression sur ses partenaires occidentaux, notamment l’Union européenne et les États-Unis afin de renégocier certains accords.

Enfin la Turquie souhaite renforcer sa position en tant qu’acteur incontournable dans une région en pleine transformation. Que ce soit en jouant un rôle clé dans les conflits du Moyen-Orient, en s’impliquant dans des initiatives économiques transcontinentales. Qui plus est, Erdogan faire face à des défis internes considérables. L’économie turque est sous pression, et la Turquie reste dépendante de ses relations économiques avec l’Europe, principal partenaire commercial du pays. Une réorientation trop marquée vers les BRICS pourrait risquer d’aliéner ces relations vitales.

Laisser un commentaire