Paolo Hamidouche (@Paolino_84)
Une fois de plus, le président américain Donald Trump a choqué le monde en
déclarant ce que même Joe Biden n’aurait pas pu dire : l’Ukraine peut non seulement
gagner la guerre contre la Russie, mais aussi reconquérir « l’intégralité » de son
territoire perdu – un objectif aussi ambitieux qu’irréaliste, la situation sur le champ de
bataille suggérant le contraire.
Pourtant, pour le locataire de la maison blanche, Kiev peut gagner avec le soutien de
l’Union européenne et de l’OTAN : « Avec du temps, de la patience et le soutien
financier de l’Europe », a-t-il observé, « et surtout de l’OTAN, rétablir les frontières
d’origine, point de départ de cette guerre, est une option tout à fait réaliste. Pourquoi
pas ? La Russie mène sans but depuis trois ans et demi une guerre qu’une véritable
puissance militaire aurait gagnée en moins d’une semaine. Cela ne donne pas une
belle bonne image de la Russie. En réalité, cela la fait passer pour un “tigre de
papier”. »
Après avoir parfaitement compris la situation militaro-économique entre l’Ukraine et
la Russie, et observé les problèmes économiques qu’elle cause à la Russie, je suis
convaincu que l’Ukraine, avec le soutien de l’Union européenne, est capable de
riposter et de reconquérir l’intégralité de son territoire dans sa forme originelle », a
déclaré Trump dans un message publié sur Truth Social.
Le revirement de Trump sur l’Ukraine !
Pour Donald Trump, Kiev peut non seulement gagner avec le soutien de l’Union
européenne et de l’OTAN : « Avec du temps, de la patience et le soutien financier de
l’Europe », a-t-il observé, « et surtout de l’OTAN, rétablir les frontières d’origine, point
de départ de cette guerre, est une option tout à fait réaliste. Pourquoi pas ? La
Russie mène sans but depuis trois ans et demi une guerre qu’une véritable
puissance militaire aurait gagnée en moins d’une semaine. Cela ne donne pas bonne
image de la Russie. En réalité, cela la fait passer pour un “tigre de papier”. »
Lorsque les habitants de Moscou, a ajouté Trump, et « de toutes les grandes villes et
districts de Russie découvriront la véritable nature de cette guerre – la quasi-
impossibilité de se procurer de l’essence en raison des longues files d’attente et de
toutes les autres difficultés liées à l’économie de guerre, où la majeure partie de
l’argent est dépensée pour combattre l’Ukraine, pays pourtant doté d’un grand esprit
d’équipe et en pleine expansion – l’Ukraine pourra reconquérir son pays dans sa
forme originelle et, qui sait, peut-être même aller plus loin !»
La rencontre bilatérale avec Zelensky
Ce message fait suite à une rencontre bilatérale entre Trump lui-même et le dirigeant
ukrainien Zelensky en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New
York. Le président américain avait auparavant affiché un soutien mitigé à l’Ukraine,
qui avait culminé en février lors d’une vive confrontation télévisée dans le Bureau
ovale, au cours de laquelle il avait déclaré au dirigeant ukrainien : « Vous n’avez pas
les cartes en main » pour obtenir une issue favorable avec la Russie.
Cependant, lors de leur récente rencontre, l’atmosphère était plus constructive.
Zelensky a remercié Trump pour ses « efforts personnels pour mettre fin à cette
guerre » et a souligné que le président étasunien était prêt à fournir des garanties de
sécurité à Kiev une fois le conflit terminé. « Nous comprenons tous que le président
Trump est prêt à assurer la sécurité de l’Ukraine après la fin de cette guerre », a
déclaré Zelensky aux journalistes, qualifiant Trump de potentiel facteur de
changement pour l’Ukraine.
Changement de perspective
Il y a quelques semaines à peine, le président américain a exclu l’adhésion de
l’Ukraine à l’OTAN et a appelé ses alliés européens à renforcer leur soutien militaire.
James Bays, correspondant diplomatique d’Al Jazeera aux Nations Unies, a qualifié
la déclaration de Trump de « véritable changement de position des États-Unis »,
Zelensky « ayant constamment appelé à la récupération intégrale du territoire
ukrainien, une possibilité que Trump avait auparavant exclue ». Durant sa
campagne, Trump a promis de mettre fin à la guerre dans les 24 heures suivant son
entrée en fonction. Au début, il avait accusé l’Ukraine d’être responsable du conflit,
mais lors du sommet avec Poutine en Alaska en août, il a accusé le dirigeant russe
de l’avoir laissé tomber.
Selon l’expert Daniel DePetris, il faut cesser de « gaspiller de l’encre » à tenter de
déchiffrer la doctrine de politique étrangère de Trump. Il n’y a pas de doctrine. Juste
une série d’actions fragmentées, parfois incohérentes. Sa « stratégie » est
contingente, et non idéologique. Aucune théorie cohérente ne la relie. Il n’est ni un
partisan de la modération, ni un réaliste. Il n’est ni un internationaliste libéral, ni un
isolationniste (terme aujourd’hui galvaudé au point de perdre son sens). Il est
impossible de le classer dans une seule catégorie.
Le changement de cap de Trump intervient quelques semaines seulement après que
le Pentagone, dans le projet de nouvelle Stratégie de défense nationale (NDS), remis
au secrétaire à la Défense Pete Hegseth, a mis de côté la rivalité avec la Russie et la
Chine pour privilégier la protection du territoire national et de l’« hémisphère
occidental ».
Dans un océan de contradictions, de déclarations incohérentes et de brusques
changements de position, que peut-on déduire de sa dernière déclaration ? Que
Trump a définitivement transféré le fardeau de la guerre aux Européens, qui
cherchent à maintenir la pression sur la Russie pour justifier le commerce du
réarmement. En retour, le président de la Maison-Blanche a obtenu tout ce qu’il
souhaitait, et ce récent changement de rythme reflète l’accord signé avec Kiev et
l’UE. Selon un article du Financial Times paru le mois dernier, l’Ukraine achètera
pour 100 milliards de dollars d’armes aux États-Unis, financées par l’Union
européenne, afin d’obtenir des garanties de sécurité américaines. Par ailleurs, un
accord supplémentaire de 50 milliards de dollars est prévu entre l’Ukraine et les
États-Unis pour la production de drones, s’appuyant sur l’expertise ukrainienne
développée pendant le conflit.
Trump entend donc rentabiliser les investissements réalisés ces dernières années, et
plus la guerre s’éternisera, plus le complexe militaro-industriel américain en
bénéficiera. A ce stade, tout le monde est content (pour ainsi dire), y compris ceux
qui sont « volontaires » et qui ont saboté de toutes les manières possibles toute
initiative de négociation et tout principe de détente. Ainsi donc, Dmitri Medvedev, le
Vice-président du Conseil de sécurité de Russie avait vu juste : c’est le soldat russe
qui décidera du sort de ce conflit qui semble malheureusement interminable…

